Villa et jardins Ephrussi de Rothschild
Un lieu d'Histoire
Par sa naissance puis par son mariage, Madame Ephrussi devait devenir l’une des plus grandes collectionneuses de son siècle. Pour la construction de la Villa entre 1907 et 1912, elle s’adjoint les talents de tous les experts et marchands, amis de la famille...
1864 - Béatrice de Rothschild
1864
Béatrice de Rothschild
Béatrice est née en 1864. Elle est la fille du baron Alphonse de Rothschild, régent de la Banque de France et grand collectionneur d’art, et de Leonora, une Rothschild elle aussi, mais de la branche anglaise.
1864 - Béatrice de Rothschild
Jean-Eugène Durand, Hôtel Saint-Florentin (ancien) ; Hôtel de Talleyrand ; Consulat des Etats-Unis, photographie noir et blanc
© Ministère de la Culture (France), Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, diffusion RMN-GP
Le château de Ferrières-en-Brie à l'est de Paris - Francois Boizot / Shutterstock
Béatrice de Rothschild a vécu dans deux des plus fastueuses demeures de l’époque. En ville, rue Saint-Florentin, à l’angle de la place de la Concorde, à Paris, dans un palais édifié au XVIIIe siècle et à la campagne, à Ferrières, dans un immense château bâti par son grand-père James.
Chambre de Béatrice - © Culturespaces / Sophie Lloyd
Béatrice ne manquait pas de charme et d’intelligence. Vêtue de robes d’inspiration XVIIIe créées par Jacques Doucet et chapeautée par Caroline Reboux, elle semblait tout droit sortir d’un tableau de Nicolas Lancret. Elle apporta son soutien à de nombreuses œuvres caritatives, poursuivant ainsi une grande tradition familiale.
1864 - Béatrice de Rothschild
Je revois le visage de Mme Maurice Ephrussi, née de Rothschild, un visage aux traits fins encadré de cheveux d'argent. Elle était toujours vêtue de bleu Nattier, un ruban de même couleur retenant ses boucles, un petit fox-terrier couché à ses pieds. [...] Mme Ephrussi vivait très simplement en dépit de sa grande fortune. On murmurait en effet qu'elle avait un grand souci d'économie, cependant il lui arrivait de convier ses amis à de fastueuses soirées et je me souviens d'une nuit d'été, où nous eûmes le privilège de voir, dans les jardins de son hôtel dessinés à la française, et baignés de clair de lune, la Pavlova danser sur des nocturnes de Chopin.
André de Fouquières, chroniqueur (Mon Paris et ses Parisiens, 1953)
1883 - Béatrice et Maurice Ephrussi
1883
Béatrice et Maurice Ephrussi
À 19 ans, Béatrice épouse Maurice Ephrussi, banquier parisien originaire de Russie de 15 ans son aîné et ami de ses parents. Leur mariage est célébré avec faste le 6 juin 1883 à la synagogue de la rue de la Victoire à Paris.
1883 - Béatrice et Maurice Ephrussi
Portrait de Béatrice Ephrussi de Rothschild © Archives de la Fondation Ephrussi de Rothschild
Le mariage tourne vite au désastre pour Béatrice, à qui Maurice transmet une maladie grave, ce qui l’empêchera d’avoir des enfants. Maurice est un flambeur et en 1904, ses dettes s'élèvent à plus de 12 millions de francs or. Inquiète pour l’avenir, la famille Rothschild décide de poursuivre Maurice devant les tribunaux. Ils se séparent en juin 1904, après 21 ans de mariage.
Grand salon - au premier plan, la table de jeu ayant appartenu à Marie-Antoinette © Culturespaces / Sophie Lloyd
Grand Salon - Plafond représentant le Char de l'amour tiré par des colombes par Tiepolo © Culturespaces / Sophie Lloyd
Après son divorce, Béatrice s’adonne à l’une de ses grandes passions : la collection d’objets d’art. Elle a hérité du goût des belles choses de sa famille qui avait d’ailleurs pour devise Ars Patriae Decus : L’art est l’honneur de la patrie. Ainsi, elle acquiert un plafond de Tiepolo, du mobilier XVIIIe, une table de jeux ayant appartenu à Marie-Antoinette, un tapis commandé par Louis XIV...
1905 - Béatrice découvre le Cap Ferrat
1905
Béatrice découvre le Cap Ferrat
Le père de Béatrice meurt en 1905 et la baronne hérite de son immense fortune. La même année elle choisit le Cap Ferrat pour y construire une villa de rêve. Lorsqu’elle découvre ce terrain, Béatrice a le coup de foudre pour la beauté du lieu. Et quand elle apprend la mise en vente du terrain, également convoité par le roi des Belges Léopold II, elle l’achète immédiatement.
1905 - Béatrice découvre le Cap Ferrat
Terrassement des jardins © Archives de la Fondation Ephrussi de Rothschild
La confection des jardins débute instantanément et nécessite 7 ans de travaux. Le site choisi pour la villa est peu propice à la création d’un jardin. En effet, créer un parc sur un promontoire rocailleux couvert d’arbres et battu par des rafales de vent était un tour de force. Mais la baronne fait dynamiter le sol et apporter d’énormes quantités de terre pour le remettre à niveau.
Construction de la Villa © Archives de la Fondation Ephrussi de Rothschild
Construction de la Villa © Archives de la Fondation Ephrussi de Rothschild
En 1907, les travaux de la Villa débutent. Béatrice se montre très difficile dans le choix de son architecte. Les projets de Claude Girault, architecte du Petit Palais ou Henri-Paul Nénot, concepteur notamment de la nouvelle Sorbonne sont écartés. On retrouve donc aux commandes de ce chantier Jacques-Marcel Auburtin qui répond scrupuleusement à tous les désirs de la baronne.
1912 - La baronne s’installe à la Villa
1912
La baronne s’installe à la Villa
Béatrice prend ses quartiers d’hiver à la villa et y vient régulièrement pendant une dizaine d’années durant lesquelles elle partage son temps entre Paris, Monaco et Deauville.
1912 - La baronne s’installe à la Villa
Patio © Culturespaces / Sophie Lloyd
Petit salon © Culturespaces / Sophie Lloyd
La Baronne Ephrussi de Rothschild fait de sa villa une demeure de collectionneur où porcelaines, tableaux de maître et mobilier se côtoient. Elle meuble sa villa dans le plus parfait style Rothschild, c'est-à-dire avec le meilleur de chaque époque, même si l’harmonie n’est pas toujours évidente !
Jardin à la française © Culturespaces / Pierre Behar - A vol d'oiseau
Jardin à la française © Culturespaces / Sophie Lloyd
Lorsque la baronne s’installe à la Villa, les jardins ne sont pas totalement paysagés. Elle débute par le jardin à la française et pour le concevoir, elle crée un véritable décor mobile et vivant : ses employés dissimulés dans des pyramides de carton vert représentant les cyprès ou manœuvrant de longues bandes de tissus argentées, gris ou vert pour figurer les pièces d’eau, les allées ou les plates-bandes !
1934
Décès de Béatrice
Atteinte de tuberculose, Béatrice se retire à Davos en Suisse où elle s’éteint. Une de ses parentes dira qu’elle « était encore belle, avec le halo neigeux de ses cheveux entourant la pâleur de mort de son visage ».
© Culturespaces / Zabriskie Prod
Salon des tapisseries © Culturespaces / Sophie Lloyd
En 1933, un an avant sa mort, Béatrice lègue sa villa et la totalité de ses collections à l’Académie des Beaux-Arts. Les 7 hectares de terrains et quelques 5 000 œuvres d'art leur sont ainsi donnés.
Jardin espagnol © Culturespaces / Eric Spiller
Jardin japonais © Culturespaces / Sophie Lloyd
L'année du décès de Béatrice, l’architecte paysagiste Louis Marchand est chargé d’imaginer et de concevoir les jardins thématiques : jardin espagnol, florentin, japonais, mexicain... Il remet également les bassins en eaux et restaure les jardins à la française.
1945 - La villa après la Seconde Guerre Mondiale
1945
La villa après la Seconde Guerre Mondiale
Avec la guerre, le Cap-Ferrat s’est vidé de ses habitants et a été miné. La Villa est restée sans surveillance et les jardins abandonnés pendant 2 ans.
1945 - La villa après la Seconde Guerre Mondiale
La villa avec sa couleur initiale ocre jaune avant la restauration des façades en 1966 © D.R.
© Culturespaces / Eric Spiller
De retour à la Villa à la fin de la guerre, Louis Marchand se remet à la tâche dans des jardins très abîmés et leur redonne rapidement l'éclat d'avant-guerre. Le bâtiment est également restauré et la couleur des façades est même redéfinie : de l’ocre-jaune, la villa passe au rouge-rose, lui donnant son caractère vénitien.
Jardin exotique © Culturespaces / Sophie Lloyd
Jardin exotique © Culturespaces / Sophie Lloyd
L’année 1985 est marquée par un hiver particulièrement rigoureux qui interrompt les quelques décennies fastueuses que les jardins de la villa avaient connus après la guerre. Presque la totalité du jardin mexicain est détruit. Les Marnier-Lapostolle, occupants de la villa voisine et propriétaires d’une remarquable collection de cactées et plantes rares, offrent de nombreux végétaux afin de recomposer ce jardin, aujourd’hui appelé jardin exotique.
1991 - Culturespaces, délégataire de la villa et ses jardins
1991
Culturespaces, délégataire de la villa et ses jardins
L’Académie des Beaux-Arts confie la gestion du site à Culturespaces qui réaménage les jardins, revenant au plan originel conçu par Louis Marchand et restaure l’intérieur de la villa. Plusieurs animations mettant à l’honneur les jardins de la villa sont mises en place.
2023 - l’Académie des Beaux-arts reprend la gestion directe de la villa
2023
L’Académie des Beaux-arts reprend la gestion directe de la villa
L’Académie des Beaux-Arts reprend la gestion du site et la gestion directe de la villa en 2023.